Courbet, l'outrance - Henri Raczymow
Si "La claire fontaine" de David Bosc fait référence aux dernières années de la vie du peintre en Suisse, Henri Raczymow tente de mieux cerner l'homme et l'artiste à travers ses tableaux.
Ce qui ressort en premier, c'est son amour de la nature. Ce fils de propriétaires terriens revendique ses origines paysannes, il en fait sa singularité. D'ailleurs la nature, ce n'est pas que l'amour de la terre, des paysages, des animaux, c'est aussi celui des femmes, du vin , de la jouissance. Loin de se considérer comme un intellectuel, il n'a jamais aimé l'école et remplace très tôt le pouvoir des mots par celui des pinceaux. Son ambition, son désir de reconnaissance le poussent à des outrances qui heurtent la bourgeoisie "bien-pensante" de l'époque. Et que dire de son engagement dans la Commune de Paris qui lui a valu un exil pour fuir l'administration et la justice...
Peindre la nature, c'est aussi donner à voir sa propre originalité :"Si je peins ce que je vois, est-ce que je peins uniquement ce qui est? Qui soutiendrait cette assertion? Si je peins ce que je vois, c'est bien une vision, d'abord, que je restitue. Des figures, mais prises dans une vision du monde singulière. Le peintre le plus réaliste est d'abord une subjectivité au travail". Loin de l'académisme ambiant, Courbet impose sa technique en utilisant le couteau et de larges brosses; il révolutionne l'art pour en arriver à composer l'oeuvre la plus commentée de l'histoire de l'art :"L'origine du monde". Cet être authentique et humaniste sait que l'art joue un rôle primordial chez tout individu et il milite pour que chacun y ait accès. Comme le dit Baudelaire, sa peinture est "une insurrection".
Ce peintre réaliste a laissé son influence chez Cézanne, Manet, a été le précurseur des impressionnistes par sa façon de traiter les ombres dans les paysages.
Un ouvrage bien documenté qui permet d'appréhender un artiste, ainsi que toute une époque, et donne envie de s'attarder sur son oeuvre .