De nos jours, les gens voient les brouillards, non pas parce qu’il y a des brouillards, mais parce que peintres et poètes leur ont appris le charme mystérieux de tels effets. Sans doute y eut-il à Londres des brouillards depuis des siècles. C’est infiniment probable mais personne ne les voyait, de sorte que nous n’en savions rien. Oscar Wilde, Le déclin du mensonge.
« Première neige tôt ce matin. L’ocre, le vert Se réfugient sous les arbres. Seconde, vers midi. Ne demeure De la couleur Que les aiguilles des pins Qui tombent elles aussi plus dru parfois que la neige. Puis, vers le soir, Le fléau de la lumière s’immobilise. Les ombres et les rêves ont même poids. Un peu de vent Écrit du bout du pied un mot hors du monde. » Yves Bonnefoy – Début et fin de la neige
Ce qu'il faut au bonheur, lorsque souffle la bise, C'est une porte close, un livre, et dans un coin Une lampe qui brûle, et qui tout bas me dise Que, si l'ennui venait, la muse n'est pas loin. Il faut que d'heure en heure, et d'église en église, La voix de l'avenir me parle dans l'airain, Relève par degrés mon âme qui se brise, Et, d'espoir en espoir, la mène au lendemain. Surtout que nul amour ne tourmente ma veille, Ou si dans le passé quelque ombre se réveille, Qu'elle s'efface vite, et se perde à mes yeux, Dans ce monde de l'âme, où d'une vie étrange L'art anime son rêve, être mystérieux Qui...
...La mer est belle et claire et pleine de voyages. A quoi bon s’attarder près des phares du soir Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs Réverbérer au loin des lumières trop sages ? La mer est belle et claire et pleine de voyages Et les flammes des horizons, comme des dents, Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent : L’inconnu est seul roi des volontés sauvages... E. Verhaeren
Je préfère me souvenir d’un Coucher Plutôt que de posséder un lever de Soleil Même si le premier est un bel oubli Et que le second est vrai Parce que dans partir il y a du Théâtral Qu’on ne trouve pas dans rester – (Emily Dickinson)
Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires. Amis de la science et de la volupté Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ; L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres, S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté. Ils prennent en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allongés au fond des solitudes, Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ; Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques, Et des parcelles d'or,...
C’est la vie au ralenti, C’est le cœur à rebours, C’est une espérance et demie : Trop et trop peu à son tour. 5 C’est le train qui s’arrête en plein Chemin sans nulle station Et on entend le grillon Et on contemple en vain Penché à la portière, 10 D’un vent que l’on sent, agités Les prés fleuris, les prés Que l’arrêt rend imaginaires. L'attente - R.M. Rilke
A Bayonne, en 1860, le baron John Caradoc, ambassadeur anglais à Madrid, fit construire un château et planter dans son parc différentes essences remarquables. Cette propriété rachetée par la ville en 1950, a conservé la plupart de ces arbres, notamment ce Magnolia grandiflora caradoc, qui possède plusieurs troncs et a été classé "arbre remarquable" du patrimoine collectif en 2016.