Réflexions sur l'actualité
"...Ce sont les peuples "arabes" qui dans le monde accusent le plus grand retard dans leur évolution. Toutes les propositions de la modernité sur tous les plans (philosophiques, politiques, scientifiques, culturelles) ont été refusées ou reçues avec suspicion par les pouvoirs de ces pays, qui continuent de pratiquer les mêmes immuables interdits, ressasser les mêmes vieilles aspirations, accorder le même crédit aux énoncés de la tradition, bref, de vivre dans le passé, un passé mythifié, sacralisé, figé à jamais. Rien ne doit changer dans leur environnement pour éviter la nouveauté et ses interpellations qui ébranlent les certitudes et détournent de la voie islamique. Pour de très larges pans des sociétés arabes, l'univers mental est celui des premiers temps de l'Islam, d'où la facilité avec laquelle le discours islamiste prend sur elles..."
"...La religion n'a jamais servi qu'à cela, subjuguer les peuples et les mettre au service du roi, représentant autoproclamé de Dieu sur terre et protecteur de l'Église. Dès lors qu'on lui retire cette fonction, elle s'effondre et Dieu libéré devient un sujet relevant de la science et de la philosophie. En Europe, la laïcité n'a pas fait que séparer l'État et l'Église, elle a signé la fin de l'Église. En terres d'islam, il s'est produit l'inverse : la mosquée a détrôné l'État, balayé les rois et pris tout le pouvoir. Demain, elle chassera Allah et réalisera cette chose impossible, elle sera Allah.
Boualem Sansal