Ma nuit chez Maud
Quel bonheur de revoir ce film de 1969, diffusé sur arte.tv jusqu'au 12/10 !
C'est le meilleur des six contes moraux d'Eric Rohmer, celui qui lui a apporté la célébrité.
Jean-Louis est un ingénieur travaillant depuis peu chez Michelin après avoir passé dix ans en Amérique. Il vit à Clermont-Ferrand, y connaît peu de monde. Catholique pratiquant, il remarque à la messe Françoise, une jeune fille blonde, étudiante en biologie, qu'il s'est promis d'épouser après l'avoir à nouveau croisée dans la rue.
Deux jours plus tard, il rencontre par hasard Vidal, un ami d'enfance, chargé de cours de philosophie à la faculté. Ce marxiste convaincu défend les idées de Pascal , à savoir que l'Histoire a un sens, alors que Jean-Louis n'aime pas son rigorisme de jésuite. Vidal lui propose de le retrouver le lendemain pour la veillée de Noël, chez une amie qu'il veut lui présenter. Jean-Louis accepte l'invitation, mais après la messe de minuit.
Maud est une jeune femme médecin, divorcée, vivant seule avec sa fille de huit ans. Elle entretient des relations physiques très épisodiques avec Vidal, dépourvues de sentiments d'un côté comme de l'autre. C'est un personnage qui correspond au bouleversement des moeurs caractéristique de l'époque, elle se veut libre de ses choix, n'apprécie pas les chaînes du mariage. D'ailleurs, elle n'a pas été fidèle à son mari, pas plus que lui, d'ailleurs.
La veillée de Noël réunit les trois personnages, qui entament des discussions philosophiques et religieuses. Puis Vidal s'éclipse, laissant Maud et Jean-Louis en tête à tête. Prétextant des conditions de circulation dangereuses à cause de la neige, Maud insiste pour que Jean-Louis passe la nuit chez elle. Avec ses armes de séductrice, elle le pousse dans ses derniers retranchements, mais il résiste.
Elle le revoit pour une balade en montagne et le soir même, il croise à nouveau Françoise...
Ce qui fait la force des films de Rohmer, ce sont ses dialogues, extrêmement naturels, portés par d'excellents comédiens dont le talent les fait identifier à leurs personnages avec une grande justesse. Leur richesse psychologique fait que les situations ne sont pas claires, ils évoluent sans cesse, pris dans leurs contradictions, tantôt distants, tantôt proches. Et c'est cette alternance constante qui capte le spectateur jusqu'au dénouement.
L'image en noir et blanc sublime les scènes, met en valeur la beauté de Françoise Fabian qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles.
Le film est aussi un témoignage d'époque car le personnage de Jean-Louis semble décalé de nos jours , étant donné le recul des croyances et pratiques religieuses.
A voir ou revoir sans hésitation!
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