Chronique d'une liaison passagère

Ritournelle

29 sept. 2022

Emmanuel Mouret nous offre une nouvelle comédie, axée comme les précédentes, sur l'art de séduire et l'analyse du sentiment amoureux. C'est la rencontre de Charlotte, une mère élevant seule ses deux enfants et de Simon, un homme marié père de famille. Charlotte est une femme solaire, extravertie, Simon est sur la retenue, timide et gauche. D'un commun accord, ils décident de donner à cette liaison un caractère léger, profitant simplement de bons moments partagés dans des musées, salles de sport, ou parcs. Au fur et à mesure, le désir de rencontre se fait plus intense et la complicité plus évidente, laissant place aux sentiments pourtant exclus de leur pacte, sans qu'ils soient avoués. La peur de devoir faire face à de trop grandes souffrances engendrées par la passion les cantonne à une relation basée sur le plaisir, mais que peut-on décider vraiment dans ce domaine?
Alors que le dialogue semble tout dire de leurs personnalités, de leur situation, de leurs attentes, ce sont plutôt les non-dits qui font avancer cette histoire en donnant aux gestes et aux regards la force des émotions contenues. La scène finale fait exploser la vérité dans un échange bouleversant.
Tout le talent d'Emmanuel Mouret consiste à nous faire pressentir la part inconsciente des personnages qui se mentent à eux-mêmes tout en voulant se montrer rationnels . Leurs échanges sont fluides et naturels , ils sont portés par un duo qui fonctionne très bien : Sandrine Kiberlain est spontanée et pétillante, Vincent Macaigne exprime parfaitement toute l'inquiétude et la maladresse de Simon.
Beaucoup de pudeur, de délicatesse et de tendresse tout au long de ce film à la fois drôle et mélancolique, qui rend bien compte de la complexité de la relation amoureuse et de l'amertume des amours inabouties.
A voir absolument en cette période de grisaille, pour le talent du réalisateur qui excelle dans le genre de la comédie romantique et pour la magnifique performance des comédiens.