Au pays de nos frères
Premier long métrage des réalisateurs iraniens Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi, le film aborde l'immigration afghane en Iran, peu évoquée jusque là. Actuellement, il y aurait 5 millions de réfugiés vivant dans la précarité, certains sans papiers, avec l'angoisse quotidienne d'être expulsés sous les prétextes les plus divers. Même si la religion fait d'eux des frères, il n'en reste pas moins que pour les afghans, la possibilité d'obtenir la nationalité iranienne ou de rejoindre l'Europe dans l'espoir d'une vie meilleure s'avère un défi souvent insurmontable tant les pièges sont nombreux pour y parvenir.
La mise en scène fragmentée propose trois récits s'étalant de 2001 à 2021 au cours desquels des personnages différents vivent la réalité en se protégeant par le mensonge : dans le premier épisode, Mohammad est un lycéen désireux de sortir de sa condition en ayant une formation, le second met en scène Leïla, jeune mère de famille qui fait office de bonne dans une riche famille et le troisième se concentre sur Quasem, un père dont le fils est parti combattre en Syrie. Tous trois subissent des traumatismes qu'ils taisent à leur entourage; ils survivent en silence sans que ces épisodes violents soient montrés à l'écran. Les réalisateurs filment avec pudeur et finesse l'évolution des personnages dont les émotions qui vont crescendo nous bouleversent. Ils mettent en avant la dure réalité de la vie des immigrés faite d'humiliations, de mépris, d'espoir et de désillusion, une vie de lutte qui anéantit les plus vulnérables.
Un film universel, touchant, remarquablement interprété par des acteurs non professionnels, qui rend avec subtilité leur dignité à ces "faux-frères" iraniens .