Et maintenant, on va où?
On a adoré Caramel, film qui a fait connaître la libanaise Nadine Labaki, gai et sensuel mais abordant avec
délicatesse la condition des femmes, un film qui met en avant la complicité féminine. Ici, on retrouve cette même complicité pour traiter d'un sujet grave : la guerre de religion
qui partage le pays entre chrétiens et juifs. Sans jamais le nommer, elle situe l'action dans un village en plein désert qui tente de se remettre de la guerre. Les conditions de vie sont dures:
pour se ravitailler, il faut traverser un champ de mines, les informations arrivent péniblement par l'intermédiaire d'un poste de télévision bricolé à l'usage de tous les habitants. C'est ainsi
que filtrent des nouvelles qui enflamment à nouveau les esprits; la paix est bien fragile et tout incident est prétexte à déchaîner la violence contenue. Les deux communautés s'affrontent, au
désespoir des femmes qui inventent des stratagèmes pour en finir avec l'absurdité...
Nadine Labaki exprime à travers ce film l'angoisse que suscite cet éternel conflit religieux dans un monde loin du matérialisme occidental. Elle traite le sujet sans jamais s'enfermer dans le
pathos, affirme une fois de plus la force des femmes face à la violence qui reste le seul dialogue des hommes. Les images sont superbes, notamment l'image de fin qui donne son titre au film, où
l'on voit toutes ces femmes en noir avancer vers le cimetière, sans savoir de quel côté se diriger car pour elles, l'union est au-delà des clivages religieux...
Un film drôle et émouvant