L'intranquille


"Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou" : une autobiographie de Gérard Garouste écrite en collaboration avec Judith Perrignon. C'est une confession très dense que nous livre ici ce peintre, celle de son parcours d'homme et aussi celle de l'artiste qui a puisé dans les souffrances de l'enfance la matière de son art. Traumatisé par un père violent, psychopathe, profondément antisémite et misanthrope, il se réfugie ensuite dans la folie pour échapper à ses démons. Il navigue entre la liberté que lui procure l'art et l'enfermement qui l'enchaîne à son passé. Des figures réconfortantes sont là pour apaiser la douleur : celle de sa femme Elisabeth qui lui voue un amour inconditionnel depuis l'adolescence, celle de ses amis rencontrés au pensionnat, Ribes et Modiano....
Beaucoup de sincérité et de lucidité dans ce portrait touchant qui nous marque parce qu'il est celui d'un homme en quête de sens et d'un artiste qui nous livre des propos intéressants sur l'art.
J'ai énormément aimé ce livre.
"A trente ans, j'ai fait un rêve. Une voix me disait : il y a deux sortes d'individus dans la vie, les Classiques et les Indiens. Cette phrase a claqué dans ma
nuit comme une vérité. la voix off était comme un troisième personnage qui m'indiquait ma voie.
Le Classique est un individu pétri par la norme, il n'inventera jamais rien, ne fera qu'obéir et suivre le mouvement en rêvant d'ascension sociale. C'est mon père.
L'Indien est un intuitif, un insoumis, un créatif.C'est Casso ou le bonheur loin des apparences.Mais l'extrême Indien court vers la folie. je le sais pour avoir croisé quelques Apaches dans les
hôpitaux psychiatriques.
Ma voie était quelque part entre ces deux hommes, ces pôles contraires de mon enfance. vaste espace où j'avançais, égaré."