Les soldes et nous
Pourquoi faisons-nous les soldes?
-Parce que nous en tirons "une utilité"
J. Bentham (18è-19è)
Pour Bentham, l'homme est un être de calcul qui raisonne en termes d'utilité. Une action est utile si elle "augmente le bonheur de celui ou de ceux dont l'intérêt est en jeu". Suivant ce principe, faire les soldes, c'est être heureux, mais c'est aussi une "maximisation mutuelle du bien-être." Le bonheur du plus grand nombre y est accentué : l'acheteur augmente son plaisir, car avec un revenu fixe, il acquiert un objet à prix réduit, donc il gagne en "utilité". Le bonheur du commerçant augmente également puisque, même s'il vend moins cher, il a la possibilité de vendre davantage. La souffrance aux autres est même épargnée. Jusqu'au moment où vous vous emparez, sous les yeux de votre rival, de la dernière chemise du rayon sur laquelle son désir portait aussi.
-Parce que nous sommes des êtres de dépense
G.Bataille (20è)
Selon Bataille, si nous consommons, et dépensons autant, ce serait pour répondre à une logique de la dilapidation des richesses qui procurerait un sentiment de gloire et de puissance.
Les soldes invitent à la dépense, et c'est comme si nous ne pouvions pas nous empêcher de consommer par manque d'être. Tous les acteurs s'y adonnent : le vendeur liquide son stock, l'acheteur profite des prix avantageux pour dilapider son argent. Ils sont une sorte de rituel semestriel de surconsommation où nous achetons des produits dont nous n'avons pas forcément l'utilité, mais parce qu'ils sont à -50%, nous flambons.
Faire les soldes, c'est dépenser frénétiquement, seul moyen de répondre à notre désir de gloire "qui veut que nous vivions comme des soleils, en prodiguant nos biens et notre vie."
-Parce qu'on les a attendus
E.Kant ( 18è)
Début février, vous repérez une paire de chaussures