La favorite

Dans l’Angleterre du 18ème siècle, la reine Anne, dernière de la lignée des Stuart, a bien du mal à gouverner. De santé fragile, n’ayant pu avoir d’héritier malgré 17 grossesses, elle souffre de crises aigües de goutte qui la rendent parfois irascible.
Son amie, lady Sarah, épouse du duc de Marlborough, a une grande emprise sur elle , car le tempérament cyclothymique de la reine en fait un être manipulable. Les deux femmes ne s’entendent pas sur l’issue à donner à la guerre entre l’Angleterre et la France. Anne partage le pouvoir avec un Parlement composé de Whigs et de Tories ; les premiers, de riches aristocrates, défendent la guerre alors que les Tories ne voient que ce qu’elle coûte en fournitures et en hommes.
Lady Sarah est une femme ambitieuse qui rêve de pouvoir pour elle et pour son mari . Son influence est mise à mal par l’arrivée d’une servante, Abigail, que lady Sarah tente de rallier à sa cause. C’est sans compter sur le défi que s’est lancé celle-ci : retrouver son titre d’aristocrate grâce à son influence auprès de la reine et elle met tout en oeuvre pour y parvenir.
Dans une mise en scène moderne où les dialogues contrastent avec la rigidité de cette société corsetée, Yorgos Lanthimos nous offre un regard caustique sur le pouvoir, sur une reine à la fois féroce et touchante, sur le monde des courtisans impitoyable et sans scrupules, sur un milieu outrancier qui donne dans l’excès pour survivre à l’ennui . Pour ce qui est de la forme, est à noter la qualité de l’image, déformée parfois par l’objectif en travellings circulaires, la beauté des clairs obscurs mettant en valeur les costumes ainsi que les intentions des personnages admirablement interprétés par 3 grandes actrices, Rachel Weisz, Emma Stone et Olivia Colman (la reine Anne) qui a obtenu l’oscar de la meilleure actrice pour ce rôle.
Une tragi-comédie flamboyante qui tient en haleine par son dynamisme et sa touche très contemporaine.