Le jeu de la reine

Katherine Parr est la 6ème épouse du roi Henri VIII, réputé pour sa violence, notamment envers les femmes, qu'il n'hésite pas à répudier ou à faire décapiter selon son bon vouloir, sous les prétextes d'adultère ou de sorcellerie; deux de ses épouses subissent ce funeste sort, Anne Boleyn et Catherine Howard. Succède à cette dernière, Katherine Parr,  femme belle, intelligente et cultivée. En 1543, après avoir été deux fois veuve, elle rencontre à la cour Thomas Seymour, beau-frère du roi et très amoureux d'elle, mais c'est Henry VIII qu'elle épouse. Elle devient proche de ses enfants, c'est une femme aimante qui sait s'attirer l'affection ou tout au moins la confiance du roi, et lorsque celui-ci part en campagne en France, il lui laisse la régence du Royaume.
Le film reprend cet épisode d'absence du roi pendant lequel Katherine Parr se montre efficace pour gouverner le pays, contrôler finances et provisions avec l'aide de ses conseillers. C'est aussi une femme "éclairée"qui s'intéresse à la "Nouvelle foi", inspirée des idées de la Réforme. Son amie Anne, qu'elle va voir en secret, tente de diffuser ces nouvelles croyances, au risque de sa vie. Katherine lui confie l'un de ses bijoux offerts par le roi , dont la vente l'aidera à fuir, en cas d'arrestation.
Lorsque Henry VIII revient de France, il est devenu un être plutôt repoussant, très gros, avec des blessures à une jambe qui l'handicapent fortement. Il apprend par l'évêque Gardiner et le chancelier Thomas Wriothesley, tous deux fervents catholiques, que Anne fomente la rébellion . Elle est arrêtée, torturée, et brûlée sur le bûcher, sans avoir dénoncé Katherine. Mais celle-ci sera-t-elle sauvée pour autant?
Le réalisateur brésilien Karim Aïnouz livre une fresque historique soignée, avec des décors et costumes somptueux. Chaque plan est envisagé comme un tableau dans lequel la lumière et les gestes sont remarquablement étudiés.
 Mais c'est aussi un film sur l'émancipation féminine, à une époque où le patriarcat est sans concession pour le moindre écart de conduite concernant les moeurs ou la religion. Katherine et les autres femmes de la cour, en apparence fragiles, démontrent une complicité et une force incroyable face à la domination masculine dont elles subissent la tyrannie.
A la reconstitution historique d'une beauté sidérante vient s'ajouter le jeu des acteurs, intense, et tellement juste. Jude Law est une Henry VIII enlaidi, obèse, fantasque et inquiétant. Alice Vikander a la beauté, la fragilité et la force de  Katherine , femme toute en grâce, habileté et détermination.
Un beau moment de cinéma!