Dieu existe, son nom est Petrunya

L'intrigue de ce film se situe en Macédoine, dans une petite ville où chaque année, au moment de l'Epiphanie, la communauté orthodoxe organise des lancers de croix. Seuls les hommes sont autorisés à attraper cette croix qui doit leur porter chance pendant l'année. En 2014, c'est une femme qui a osé plonger, ce qui a provoqué des émeutes au sein de la population, ainsi que dans la communauté religieuse. Mais elle est allée au bout de son audace en incitant les femmes à faire comme elle sur une radio locale.
Cet événement a interpellé la réalisatrice Teona Strugar Mitevska qui a voulu par ce film réagir contre des traditions ancestrales de misogynie.
Petrunya a 31 ans, n'a pas encore trouvé sa place dans la société. Elle n'a pas de travail, va sans conviction à un entretien d'embauche sur les conseils de sa mère et en revient dépitée car le patron lui confirme qu'elle n'est bonne à rien dans son usine, même pas à lui servir de maîtresse car elle est trop grosse.
Pour autant sa vie va changer car arrive le jour du fameux lancer de croix. Petrunya , prise d'un élan incontrôlé, saute et récupère la croix. L'événement est filmé, la police l'arrête. Commence alors pour la jeune femme un vrai "parcours du combattant" auquel elle doit faire face pour se défendre par rapport à l'hystérie machiste et aux autorités religieuses. Une journaliste couvrant "l'affaire" lui apporte un soutien précieux, de même que l'un des policiers qui la surveille.
Le scénario est filmé avec intelligence, sans caricature, il est porté par la talentueuse actrice Zorica Nusheva dont le regard exprime la détermination, la sensibilité, l'humour. Le message est bien transmis , il nous fait réfléchir sur l'évolution différente des cultures et il faut croire qu'il porte ses fruits puisque, comme l'affirme la réalisatrice, «Cette année, une autre femme a attrapé la croix à Zemun, en Serbie. On lui a fait une ovation. Le monde change vite, cela me remplit d’espoir.» 

"Toutes les sociétés patriarcales sont conçues pour conforter la domination masculine, le statut et l’espace social des femmes y sont déterminés par les hommes, donc chaque fois qu’un film traite de près ou de loin du soi-disant « deuxième sexe », il est nécessairement féministe. Tout film dont le personnage principal est une femme, ou qui traite son sujet sans se conformer aux rôles traditionnels est un film féministe. J’ai du mal à imaginer être une femme et ne pas être féministe. Le féminisme n’est pas une maladie, il ne faut pas en avoir peur. L’égalité, la justice et l’équité sont au coeur même de son idéologie."

Comments

[dasola]

Bonjour Ritournelle, très bel article sur un film qui vaut la peine de se déplacer. Et puis avoir l'occasion de voir un films macédonien sur nos écrans n'est pas si courant. Bonne journée.

[Ritournelle]

Merci pour ton commentaire très juste, on doit encourager ce cinéma encore trop peu connu, qui apporte son originalité et son talent.