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Le blog de Ritournelle

Le "dialogue" homme- animal

Ritournelle

Il ne leur manque que la parole...C'est peut-être pourquoi nous nous surprenons parfois à nous adresser à notre chat...tout en raillant ceux qui murmurent à l'oreille de leur chihuahua. Mais d'où vient cette attitude apparemment absurde? Quatre philosophes ont réfléchi.

-Parce qu'ils ont été des hommes dans une autre vie

Pythagore (6è s av. J.C)

Alors qu'il passait près d'un homme battant son chien, Pythagore lui adressa ces paroles :
" Arrête et ne frappe plus car c'est l'âme d'un homme qui était mon ami et je l'ai reconnu en entendant le son de sa voix ". Le penseur grec adhérait à la théorie de la métempsychose. Selon lui, l'âme est immortelle et survit à la destruction du corps. Elle migre alors vers une nouvelle enveloppe, humaine ou animale, pour s'y réincarner. C'est sur la base de cette croyance que le philosophe est devenu l'un des premiers adeptes du végétarisme.
Si tous les animaux peuvent abriter une âme ayant été humaine, il devient inacceptable de les manger - et pertinent de leur parler.

-Parce  que nous avons hérité de préjugés de notre enfance

Descartes (17è s)

Pour Descartes, les animaux n'ont pas d'âme. Ils ne peuvent ni sentir, ni penser, ni nous comprendre quand nous leur parlons. Ce qui nous laisse penser qu'ils sont aussi libres que nous (mouvements, réactions, cris...) ne serait que le résultat de réactions mécaniques. Leur parler est donc aussi absurde que de s'adresser à une pendule. Et pourtant, nous leur parlons. C'est que, précise le philosophe, "le plus grand préjugé que nous avons retenu de notre enfance est celui de croire que les bêtes pensent."
Pour un esprit puéril, ignorant encore la différence entre pensée et matière, il est aisé d'attribuer une âme à tout ce qui est animé. Ce sont ces erreurs de jeunesse qui nous poussent à parler aux bêtes.

-Parce qu'ils entendent notre voix

Aristote ( 4è s. av.J.C.)

L'important, quand nous parlons aux animaux, ce n'est pas qu'ils nous comprennent , mais qu'ils nous entendent. Si le langage, pris comme un ensemble de sons articulés, est un privilège humain, il existe un niveau de communication plus primitif, la voix, qui est selon Aristote, "le signe du douloureux et de l'agréable", et que partagent tous les animaux. "Leur nature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable, et de se les signifier mutuellement."
Peu importe que mon chien saisisse ce que je lui crie quand je le réprimande ; l'essentiel est qu'il m'entende crier, car il n'en faut pas plus pour lui faire comprendre ma colère.

-Parce qu'ils sont capables d'empathie

Frans de Waal ( 20-21è s.)

L'empathie, faculté de reconnaître les émotions d'un autre, a longtemps été vue comme un monopole de l'espèce humaine. Jusqu'à ce que l'éthologue Frans de Waal l'identifie chez les grands singes, les éléphants, les dauphins, ainsi que chez la plupart des mammifères. C'est pour cette raison que de nombreux mammifères non humains sont naturellement capables de s'entraider, de se réconcilier après un conflit, mais également d'apprendre par imitation. De plus, l'empathie n'est pas réservée au seul cercle de l'espèce; il est possible de l'éprouver pour des animaux éloignés génétiquement.
C'est cette possibilité d'échange que nous entrevoyons lorsque nous parlons aux bêtes.

Q. Regnier - Pourquoi parlons-nous aux animaux? Philosophie magazine n° 133

 

 

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