Nomadland

La cinéaste Chloé Zhao a adapté le roman de la journaliste Jessica Bruder paru en 2017, "Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century". Elle en a fait un film étonnant, entre road-movie et documentaire, qui dresse le portrait réaliste d'une Amérique dont on ne parle pas souvent, celle de ceux qui ont choisi la route pour fuir une situation économique ou personnelle difficile, à l'opposé du "rêve américain".
Fern vit dans une ville ouvrière du Nevada; veuve depuis peu, elle se retrouve sans emploi après la fermeture de l'usine où elle travaillait. Elle décide de quitter ce lieu, d'aménager un van avec tous les objets qui lui sont chers et de partir sur les routes en quête de nouveaux horizons. Des petits boulots lui permettent d'assurer le quotidien, les rencontres avec d'autres nomades sur les aires de gens du voyage lui apportent chaleur, bienveillance et solidarité. Des rencontres vraies, qui sonnent juste, avec des acteurs non professionnels, des personnages émouvants , simples, sincères qui partagent le même choix de vie, en rupture avec les normes sociétales actuelles. Parmi eux, Swanky, qui se sait en fin de vie, Linda May, femme forte et drôle, et Dave, qui ressent une attirance certaine pour Fern...
Ce film est traversé de moments de grâce et de poésie dans ces échanges nombreux qui rythment le parcours de Fern, dans la grande beauté de ces espaces américains immenses sublimés par l'image, où la communion avec la nature fait partie de la soif de liberté, de la solitude choisie. Mais contrairement à Sean Penn qui dans "Into the wild"mettait l'accent sur cette immersion dans la nature de son personnage, Chloé Zhao s'attarde davantage sur l'aspect social de ces marginaux dont l'Amérique n'a que faire. Un rêve brisé pour tous ceux qui, suite à la crise financière de 2008, se retrouvent endettés, sans travail, sans logement.
La cinéaste porte un regard juste sur les bons et mauvais aspects de la vie nomade, sans apporter de jugement. Dans un souci d'authenticité, elle a sollicité une association d'aide aux nomades , "Hommes on wheels"pour choisir ceux qui participeraient au film. Quant à la fantastique Frances Mc Dormand qui incarne Fern, elle a travaillé son rôle très consciencieusement:
"Dans la peau de Fern, j’ai travaillé aux côtés de vrais ouvriers d’un centre de traitement des commandes chez Amazon, dans une usine sucrière, dans la cafétéria d’un parc touristique et en tant que responsable de camping dans un parc national. Dans la plupart des cas, personne ne me reconnaissait et on me traitait comme n’importe quel autre employé."
Et le résultat est bluffant, elle est son personnage dans  toute sa détermination, sa douce mélancolie, ses rêves, ses doutes.
Malgré tous les aléas auxquels elle doit faire face, on a envie de partir avec elle sur les routes...
Un film fort, plein d'humanité, et récompensé à juste titre par le Lion d'or de Venise, et 3 oscars : celui de la meilleure réalisatrice, du meilleur film et de la meilleure actrice.

Comments

[Catherine]

J'ai beaucoup d'admiration pour cette actrice. Je vais emprunter la K7 à la médiathèque. Merci de ton commentaire

[Ritournelle]

Le film passe en salles actuellement, donc tu ne vas pas pouvoir encore emprunter le DVD...

[cathy]

Oui....comme tj ton résumé est top ......une actrice que j'ai découverte Frances McDormand d'une justesse.. .j'avais vu " 3 Billboards " elle était déjà extraordinaire.....les livres de l'americain R Banks traitent de cette Amerique là. ...à recommander...
ainsi que ce film excellent .....

[Ritournelle]

Merci Cathy pour ce complément d'infos.