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Le blog de Ritournelle

Serre-moi fort

Ritournelle
Serre-moi fort

Ce film est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Claudine Galea : Je reviens de loin, qui n'a jamais été représentée. Sa lecture a ému Mathieu Amalric, au point de commencer le tournage en 2019 et de le terminer 8 mois plus tard. Le titre est emprunté à une chanson d'Etienne Daho : « Serre-moi fort. Si ton corps se fait plus léger, nous pourrons nous sauver ».
Il est question de la séparation d'une famille : on voit la mère, son compagnon, et leurs deux enfants , qui vivent près des Pyrénées. Ils parlent les uns des autres, mais ne se rencontrent pas. Le drame n'est pas révélé, cependant il est sous-jacent. Est-ce une séparation ou une tragédie? On avance dans le scénario en s'interrogeant sur la part de vérité et de fiction traitées volontairement sur le même plan : « Ce qu’elle vivrait et ce qu’elle projetterait seraient pareil. […] La douleur folle me semble faire ça, non ? Repensez aux séparations amoureuses où tout se mélange, l’espace, le temps, le manque, la peine, les souvenirs modifiés, la jalousie à imaginer l’autre, l’onanisme, faire revenir... pfff, on ne met pas du sépia ou des filtres pour bien dissocier le vrai du faux dans ces moments-là, ça s’empile et se fragmente, on est hypra réalistes dans les moindres détails. Ça fait du mal et ça fait du bien !".
Pour incarner le personnage de cette femme qui fuit pour conjurer sa douleur, le réalisateur a fait le choix de la magnifique Vicky Krieps qui possède une grâce et une élégance uniques. Capable de tout interpréter, l'actrice s'abandonne à ce personnage auquel elle prête la beauté de ses gestes, sa folie, et aussi parfois, son côté burlesque. Amante et mère, elle recherche , jusqu'à en perdre la raison ceux qu'elle a aimés.
Dans un enchaînement rythmé de scènes courtes non chronologiques mêlant flash-back et présent, on est un peu dérouté par ce parti pris de raconter une histoire de façon non linéaire, en semant quelques indices , comme dans un thriller. Mais progressivement, on comprend que la forme est adaptée à une réalité cruelle, rendue supportable par l'intrusion de l'imaginaire, de l'espoir, de ce tout ce qui peut favoriser la résilience.
La musique joue un rôle important dans ce scénario, ne serait-ce que par la passion du piano chez la petite fille et l'évocation de la grande Martha Argerich. Le travail de l'image est remarquable, du clair-obscur des scènes d'intérieur à la lumière des paysages enneigés.
Voilà certainement l'un des meilleurs films de cet automne, audacieux par sa forme originale, par la force de son propos qui donne à cette histoire universelle sur la douleur de la perte une émotion pudique ne sombrant jamais dans le pathos.
A voir sans hésiter



 

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