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Le blog de Ritournelle

Premier sang - Amélie Nothomb

Ritournelle

Amélie Nothomb est , comme on le sait, une écrivaine prolifique. A chaque rentrée, elle nous offre une oeuvre d'inspiration différente, plus ou moins autobiographique.
Ici, suite au décès de son père, elle renoue avec le registre de l'intime, pour nous livrer un conte-hommage à celui qui a su , comme elle, faire bon usage des mots. C'est même ce qui lui a sauvé la vie. Le livre débute et se termine sur cet épisode de la prise d'otages dans l'ex-Congo belge en 1964, au cours duquel Patrick Nothomb, diplomate belge, sauve sa peau, ainsi que celle d'autres personnes, en dialoguant avec le chef des rebelles. Si près de l'issue fatale, il réussit quand même à éprouver une certaine joie de vivre, à goûter les sensations qui s'offrent à lui dans cette situation inconfortable. Amélie lui laisse la parole pour revenir sur son passé dans une famille hors norme. Patrick, assez vite orphelin de père, est élevé par ses grands-parents maternels, car sa mère, uniquement préoccupée par les réceptions dans le gotha belge, délaisse son fils. Dans cette éducation d'un autre siècle, il est de bon ton d'envoyer les enfants à la campagne pendant les vacances d'été. C'est ainsi que Patrick fait la connaissance de son grand-père paternel, un personnage on ne peut plus loufoque. Ancien général, il éduque sa ribambelle d'enfants à la dure, en autorisant une nourriture correcte seulement aux aînés, les plus jeunes devant se contenter de pain ou de confiture de rhubarbe."Survivre à leur enfance restait une expérience darwinienne pour les enfants Nothomb". Il passe son temps à écrire des poèmes dans son château ardennais du Pont-l'Oye dont les toilettes sont baptisées "Le Trianon".
Patrick découvre un monde étrange , où règnent à la fois la rigueur et la fantaisie.
A l'âge de 15 ans, il s'évanouit à la vue du sang, d'où le titre du livre, mais cet handicap lui permet par la suite de rencontrer celle qui devient sa femme, malgré l'opposition du grand-père paternel qui estime que la jeune femme n'a pas d'origines aristocratiques.
Le récit se termine à la naissance d'Amélie, en 1964, un événement plein d'espoir, la plus belle preuve de vie pour celui qui a failli la quitter, dans sa mission de diplomate.
"Quand j'ai eu fini d'écrire ce livre, ça a l'air délirant, mais je vous assure que j'ai senti que mon père était apaisé. Qu'il pouvait enfin entrer dans un grand sommeil."
L'apaisement du père, c'est aussi celui d'Amélie qui prouve par ces lignes son admiration pour lui, ainsi que sa faculté à glisser derrière les drames de la vie son humour habituel.
"Bien plus qu'une célébration de mon père, c'est sa résurrection"
On sourit, on est ému, dans ce récit bien construit . Il m'a seulement manqué d'aller chercher dans le dictionnaire certains mots savants dont Amélie a souvent le secret.
A lire sans hésitation

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