Contes du hasard et autres fantaisies

Après Senses, Asako et le magnifique Drive my car, le réalisateur japonais Hamaguchi propose avec ce film 3 histoires qui font partie d'une série de 7 épisodes. Mettant en scène des femmes, elles ont comme fil conducteur la coïncidence et l'imagination :
"La coïncidence m’a toujours intéressé. Montrer la coïncidence, c’est une façon d’affirmer que la rareté est l’essence même du monde, plus que la réalité elle-même. J’ai réalisé combien l’exploration de ce thème offrait des perspectives narratives imprévisibles".
Le premier conte met face à face deux amies dont l'une confie à l'autre son récent coup de foudre pour un homme qui se trouve être un ex amoureux de celle-ci. La deuxième histoire est la tentative de séduction d'une étudiante venue faire à son professeur une lecture érotique dont les enjeux sont énigmatiques. Dans la troisième histoire, il est vraiment question du hasard qui met sur son chemin deux anciennes lycéennes qui croient se reconnaître.
Toutes ces histoires ont en commun l'art du dialogue, emprunté à Rohmer, dont l'influence a profondément marqué Hamaguchi , déjà dans le titre du film, mais avec une pointe d'originalité supplémentaire : "J’ai écrit sept histoires, que je voulais simplement intituler "Contes du hasard", mais je voulais y apporter mon originalité, qui pouvait transparaître avec l’idée de l’imagination. Si les hasards concernent tout le monde, ce qui nous démarque les uns des autres est notre capacité plus ou moins grande à faire preuve d’imagination pour nous sortir d’événements que provoque le hasard. »
Si ces histoires sont basées sur les dialogues des personnages, elles font ressortir la complexité des comportements humains qui donne lieu à de nombreux rebondissements, à des intrigues insoupçonnées, à des analyses psychologiques intéressantes.
Avec une mise en scène très sobre, Hamaguchi nous offre des huis clos remarquablement filmés, dans lesquels la parole est essentielle, tantôt provocatrice, tantôt chargée d'émotion ou de sensualité. Sens de l'esthétique, importance de l'écoute, effets de surprise, jeu des acteurs, tout est calculé avec une grande précision .
Même s'il y a plus de profondeur dans Drive my car, ces 3 contes abordent avec délicatesse une grande palette de sentiments qui va de la joie aux blessures enfouies, nous parle de nos paradoxes et de nos illusions.
A voir sans hésiter
 

Comments

[dasola]

Bonjour Ritournelle, que ce film est bavard, surtout le premier conte. En revanche, j'ai aimé le troisième. Bonne fin d'après-midi.

[Ritournelle]

Oui, c'est un film basé sur le dialogue, comme chez Rohmer. Il est assez surprenant, mais je préfère de loin Drive my car.
Bonne nuit à toi et merci de ta visite