L'ombre d'un mensonge
L'île de Lewis, au nord de l'Ecosse. C'est là que vit une communauté presbytérienne qui a accueilli depuis quelques années le belge Phil. La vie y est dure, le climat rigoureux et les paysages composés de landes et de tourbières. Après les travaux à la ferme du vieil Angus, les hommes se retrouvent au pub ou parfois à la messe, mais Phil se contente de quelques virées au pub. Il a déjà fait des AVC, donc consomme avec modération, se sent bien dans ce coin sauvage, battu par la pluie et les vents. Mais un jour, cet homme au physique robuste est à nouveau victime d'un AVC qui le prive de sa mémoire, temporairement, selon ce que les médecins affirment.
Il n'est pas autorisé à conduire, c'est donc la fille d'Angus, Millie, agent immobilier dans les alentours, qui se charge de le véhiculer pour le travail et ses besoins personnels. Femme élégante , discrète, vivant seule, surnommée "la reine des glaces" par le voisinage, elle avoue à Phil qu'ils s'aimaient avant son accident d'un amour secret et qui doit le rester...
Avec un scénario qui progresse par touches délicates, Bouli Lanners montre une facette de son talent jusque là méconnue, en nous plongeant dans un univers romantique, tout en douceur, poésie et pudeur. Porté par les silences , plus évocateurs sur les blessures des personnages que de longs discours, le film contraste par la beauté froide d'une nature austère et toute la bienveillance qui entoure ces personnages mutiques, gênés, qui communiquent par les regards, les gestes, et dont l'urgence est d'aimer. Quelle beauté cette scène où les mains scellent cet amour!
On est vraiment touchés par toute l'émotion qui se dégage des scènes portées par deux merveilleux comédiens, le réalisateur lui-même et Michelle Fairley. Une belle lumière, des travellings lents, un suspense sur l'issue de cette dernière histoire d'amour, et une bande son très bien choisie dans sa variété, donnent à ce film tout l'intérêt et le succès qu'il mérite.
A voir absolument !