Love life

Dans un immeuble de banlieue d'une grande ville japonaise vit un jeune couple avec un enfant. Jiro a épousé Taeko contre l'avis de ses parents, car elle était divorcée et mère d'un fils, Keita.
Le jeune garçon est doué pour le jeu Othello, pour lequel il s'entraîne avec sa mère. Makoto, le père de Jiro, fête son anniversaire en famille, ce qui lui donne l'occasion de rappeler au jeune couple que sa femme et lui aimeraient très vite une descendance bien à eux. Il ne comprend pas pourquoi son fils a quitté sa précédente petite amie pour Taeko, déjà chargée de famille. Taeko en découvre l'existence, tout comme Jiro est amené à connaître le père biologique de Keita, un immigré sud-coréen, suite à un événement dramatique imprévu. S'en suit une désorganisation totale des sentiments des protagonistes...Le chagrin est porteur de doute, de colère, de regret, de violence aussi.
Kôji Fukada signe un mélodrame familial éloigné des clichés habituels du Japon : la plupart des scènes se déroulent à huis clos dans l'appartement d'un grand immeuble de banlieue grise , sans espaces verts, sans ces jardins qui font le charme du pays. Il nous montre une jeune génération prise entre tradition et modernité, qui tente de vivre la liberté des sentiments dans une culture encore corsetée dans ses principes, tout comme dans sa difficulté à accueillir les immigrés, dont Park, l'ex-mari de Taeko, en est la preuve. Il incarne la misère sociale d'un pays très contrasté.
Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est la manière subtile dont le réalisateur parvient à évoquer la difficulté de communication entre les êtres, la complexité du sentiment amoureux, la solitude de l'être humain face aux situations qu'il ne maîtrise pas, et le silence , parfois plus révélateur que la parole...
Un beau film, singulier et émouvant, servi par une interprétation sobre et juste, dans lequel chacun peut se reconnaître.