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Le blog de Ritournelle

Le grand feu - Léonor de Récondo

Ritournelle

Cette année, la sélection initiale du prix Goncourt comptait deux livres se rapportant à Venise : Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andréa, qui vient de recevoir le prix (voir article sur ce blog) et Le grand feu, de Léonor de Récondo. Ce dernier roman nous transporte en 1699 à une époque où Venise est partagée entre six mois de Carnaval et six mois de Carême et où la musique a une importance capitale.
Un couple de marchands d'étoffes, qui a déjà perdu trois de ses enfants, accueille son sixième enfant, une petite fille prénommée Ilaria. La mère a de grandes ambitions pour ce bébé qu'elle veut initier au chant et à la musique. Alors qu'elle est à peine âgée de quelques semaines, elle la place dans l'institution de la Pietà, financée par la République de Venise, qui recueille les enfants abandonnés , mais aussi ceux de familles riches désireuses de donner à leur progéniture une formation avec les plus grands maîtres du moment . Ces jeunes filles, parvenues à un certain niveau, donnent des concerts dans les églises où accourent les vénitiens. Elles sont 800 à apprendre à chanter et à jouer du violon.
Ilaria s'investit complètement dans cette tâche qui lui fait oublier sa claustration et devient la copiste d'Antonio Vivaldi. Sa passion est le seul moyen qu'elle a de s'évader de cette institution aux règles strictes, calquées sur celles des couvents. Elle se lie d'amitié avec Prudenza, jeune fille dont la riche famille accueille de temps en temps Ilaria, en lui permettant de satisfaire son désir de connaître la réalité extérieure à la Pietà. C'est ainsi qu'elle rencontre le frère de Prudenza, Paolo, un jeune homme qui rêve de redonner à la République de Venise sa grandeur passée en allant combattre dans l'île de Tinos, et l'énergie dont il a besoin, il la trouve dans ce sentiment très fort qui naît lorsqu'il rencontre Ilaria.
Ilaria a alors 15 ans. Sa passion pour la musique s'enrichit du désir charnel pour Paolo. Leur destin est désormais lié pour le meilleur et pour le pire...
Avec ce roman, Léonor de Récondo évoque un peu de son histoire personnelle par le biais de cette enfant qui apprend le violon très tôt, comme elle-même l'a fait à l'âge de 5 ans. C'est le roman d'apprentissage d'une enfant que la musique, l'amour et l'amitié font grandir. C'est aussi un récit romanesque, sensuel, féministe, sur le désir, sur l'émancipation par la musique, sur l'émotion artistique et amoureuse mêlées.
Un livre délicat, incandescent, tout en sensibilité!

"Dans quelques mois, elle va se marier, quelle autre échappée aurait-elle ? Pourquoi ne pourrait-elle pas, elle aussi, un petit matin, monter sur un navire et voir l'horizon de ses rêves? Pourquoi? Parce qu'elle est une femme? . Qui reste dans ce grand palais vide? Une mère et sa fille. L'une qui se définit par ce qu'elle a été, épouse de, et l'autre par ce qu'elle va devenir, épouse de. Cette réalité, si criante à cet instant, la révolte."
"La beauté certains soirs peut désarmer la mélancolie."

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