L'amour vu par les philosophes 2
Frédéric Nietzsche
L'amour générateur absolu de toute créativité
Pour Nietzsche (1844-1900), le désir passionnel est indissociable de la sexualité. Ce concepteur de la volonté de puissance s'érige contre la chasteté douteuse préconisée par le christianisme et voit en l'amour un surgissement de forces créatrices. Mais cet éternel amoureux éconduit, notamment de la belle Lou Andréas-Salomé ne réussit jamais à se marier, tant ses tentatives de séduction étaient brutales et maladroites.
Jean-Paul Sartre
Amour et liberté
"Le véritable amour est désintéressé, il est à lui-même sa propre fin" : ce penseur existentialiste ( 1905-1980) refuse toute notion d'amour fusionnel. Même si le désir est l'expérience d'un manque qui demande à être comblé, "mon désir d'appropriation de l'autre ne peut être que voué à l'échec."
Ruwen Ogien
Contre le puritanisme ambiant
Dans Philosopher ou faire l'amour, Ruwen Ogien (1942-2017) renoue avec la posture sceptique des stoïciens. Pour lui, la conception dominante de l'amour masque une idéologie hostile à la liberté individuelle et à l'épanouissement personnel. L'éloge de l'amour, enrobé d'une couche épaisse de sentimentalisme kitsch, sert à justifier publiquement le refus de toute innovation normative en matière de mariage, de sexualité ou de procréation.
Alain Badiou
Une construction de vérité
Dans Eloge de l'amour, Alain Badiou, né en 1937, se rattache à la tradition platonicienne : pour lui, l'amour est " l'expérience personnelle de l'universalité", qui nous transcende et nous mène hisse vers le monde des idées et du beau. Il voit l'amour comme une"construction de vérité"qui se conçoit sur la durée et triomphe des obstacles de la vie à deux. La confrontation avec la pensée de l'autre permet un élargissement de sa propre vision du monde, pensé à partir de la différence et non de l'identité.
M.Fournier - Philosophie magazine n° août 2018