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Le blog de Ritournelle

Drive my car

Ritournelle
Drive my car

« À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse […] vous devez vous sentir reconnaissant d'avoir vécu presque vingt ans auprès d'une femme comme elle. Je le crois profondément. Néanmoins, vous aurez beau penser que vous avez compris quelqu'un, que vous l'avez aimé, il n'en reste pas moins impossible de voir au plus profond de son cœur. Vous aurez pu vous y efforcer, mais vous n'aurez réussi qu'à vous faire du mal. Vous ne pouvez voir qu'au fond de votre propre cœur, et encore, seulement si vous le voulez vraiment, et si vous faites l'effort d'y parvenir. En fin de compte, notre seule prérogative est d'arriver à nous mettre d'accord avec nous-même, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l'autre, nous n'avons d'autre moyen que de plonger en nous-même. Telle est ma conviction. »

Extrait du recueil de Haruki Murakami, "Des hommes sans femmes", cette nouvelle a été adaptée au cinéma par Ryusuke Hamaguchi, ce qui lui a valu le prix du scénario au dernier festival de Cannes.
C'est l'histoire de Yûsuke Kafuku, metteur en scène et acteur, qui forme avec sa femme Oto un couple aimant, apparemment sans histoire. Après "En attendant Godot "de Beckett, il se prépare à interpréter "Oncle Vania" de Tchekov.
Pour mieux mémoriser son rôle, il le répète tout en conduisant sa vieille Saab rouge, la voix de sa femme enregistrée sur cassette l'accompagne dans cette tâche.
Un jour, Yûsuke découvre qu' Oto le trompe avec un jeune acteur dans leur appartement ; peu de temps après, elle décède brutalement. La résidence d'artistes où il se rend pour monter "Oncle Vania" l'oblige à se laisser conduire dans ses déplacements par une jeune femme, Misaki, très réservée; la communication s'avère difficile entre ces deux personnes , le silence est comblé par la voix d'Oto qui ressasse le texte de Tchekov jusqu'à ce que Yûsuke se l'approprie.
Pourtant, lorsqu'il réunit tous les acteurs de la pièce pour les répétitions, il confie le rôle de Vania au jeune homme qu'il a vu avec sa femme, afin d'établir une correspondance entre la vie et la création.
C'est alors que tout devient plus simple, chacun se confie sur sa souffrance : Yûsuke et Misaki deviennent plus proches; la jeune femme entraîne le metteur en scène à Hiroshima, sur les lieux tragiques de son enfance. Les blessures respectives se font moins douloureuses, créent une sorte de complicité, mais elles ne permettent pas pour autant d'accéder au bonheur...
Comme l'affirme Tchekov, "Le bonheur n'existe pas, seul le désir d'y parvenir."
Ce film de trois heures empreint d'une douce mélancolie nous entraîne dans une série d'épisodes parfaitement maîtrisés où les protagonistes naviguent entre leur existence réelle et la fiction, illustrant les thèmes universels du deuil, de la résilience par les mots, de l'amour, de la solitude, de l'ennui.
Une oeuvre dense, élégante, envoûtante, intime, qui ravira tous ceux qui aiment l'univers riche et singulier de Murakami.

A voir absolument


 

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