Passion simple

Adapté du roman d'Annie Ernaux, ce film de Danièle Arbid réussit avec grâce et simplicité à traduire le mécanisme de la passion amoureuse, celle qui anime les deux protagonistes, Hélène et Alexandre. Enseignante en faculté de lettres, Hélène est divorcée, vit avec son fils Paul. Son travail de recherche en vue d'une thèse sur une écrivaine peu connue lui prend du temps , d'autant qu'elle a du mal à se concentrer sur son travail. Elle ne vit que dans l'attente de la venue d'Alexandre, agent de sécurité à l'ambassade de Russie à Paris, qui lui accorde des parenthèses sensuelles lorsque bon lui semble et lorsque le fils d'Hélène n'est pas à la maison. Cet homme marié, assez mutique, possède un magnétisme physique certain dont il use facilement ; c'est lui qui a le contrôle de la situation : il n'est pas joignable, décide des moments où il va partager avec Hélène des rapports charnels intenses qui deviennent vite addictifs.
Mais Alexandre doit partir en Russie pour un certain temps...
Laetitia Dosch est une magnifique Hélène, livrée corps et âme à cet amant dont elle sait qu'elle n'a rien à en attendre, qui glisse progressivement dans la douleur au prix d'instants merveilleux, ceux-là même qui avec le recul, seront le germe d'une émancipation.
"À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi. Tout de lui m'a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix..."
De très beaux plans subliment le jeu des acteurs, celui d'Hélène, tout en sensualité et émotion, celui d'Alexandre, plus animal et énigmatique.
Une belle image, accompagnée d'une bande son reprenant les grands standards des chansons d'amour.
Un film sur le désir, sensible et perturbant, qui rappellera à certains toute la fébrilité et la force d'une attirance immaîtrisable.