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Le blog de Ritournelle

Bizkarsoro

Ritournelle
Bizkarsoro

Le réalisateur Josu Martinez, originaire de Bilbao et vivant actuellement à St Etienne de Baïgorry, est un documentariste dont Bizkarsoro est la première  fiction.
A travers ce film, il a voulu rendre compte de l'évolution de la langue basque au cours du 20 e siècle, et par là-même, des bouleversements de la société.
Bizkarsoro n'existe pas; il pourrait être n'importe quel village basque ayant connu ces transformations. Car si au début du siècle, la population s'exprimait en basque, les directives politiques ont fait disparaître cette suprématie au profit du français, en l'imposant comme "langue nécessaire pour devenir quelqu'un".
Mais l'Histoire n'est pas figée, et dès les années 60, un sursaut s'amorce pour redécouvrir la langue, la période de l'après 68 étant favorable à un retour aux traditions régionales. L'effort se poursuit jusqu'en 1982, année qui voit apparaître les premières revendications pour les ikastolak.
Le film se compose de 5 histoires au fil des années : en 1914, une mère attend des nouvelles de son fils parti à la guerre, sa petite-fille lui lit le courrier attendu, suivi d'un pli annonçant sa mort au combat.
En 1921, les enfants sont tenus d'apprendre le français à l'école avec des méthodes pédagogiques très strictes, un bâton appelé "l'anti", est censé les punir pour chaque mot prononcé en basque. De plus, il incite à la délation, chaque enfant pouvant dénoncer celui qui faillit à la règle.
Plus tard, pendant la seconde guerre mondiale, les habitants cachent des hommes du pays basque sud échappant à la dictature de Franco. La chasse à l'homme est sévère, les curés s'impliquent aussi dans la protection des fuyards.
Dans les années 60, des enfants retrouvent par hasard des mots écrits en basque enterrés dans des boîtes en fer, ils découvrent ainsi la volonté de leurs ancêtres de faire perdurer la langue basque. Voilà un joli symbole de la renaissance qui va suivre.
Et le dernier tableau est celui de ces parents qui luttent pour la création d'une ikastola pour leurs enfants; l'institutrice occupe la rue pour faire la classe à une poignée d'enfants moqués par les autres. C'est le début d'un mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur.
A partir de témoignages écrits et oraux, Josu Martinez rend un vibrant hommage à la culture basque, à travers sa langue, ses chants et ses danses. Il interpelle sur l'impact de sa disparition programmée qui a renforcé le désir de sa survie tout au long du 20è siècle.
Tourné dans la vallée de Baigorri, le film a fait participer les villageois qui ont prêté leurs voix aux générations antérieures, il se fait aussi l'écho de toutes les régions de par le monde qui ont dû sacrifier ce qui faisait leur identité au profit d'un processus d'unification culturelle.
Une œuvre forte, poétique et émouvante.
 

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Commentaires
C
Sur la dernière photo, j'ai reconnu le "pont romain" de St Etienne de Baïgorry :
Répondre
R
Oui, tu as le bon œil