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Le blog de Ritournelle

Boléro

Ritournelle
Boléro

Maurice Ravel , compositeur mondialement connu, est né à Ciboure, près de St Jean de Luz, en 1875. Sa maison natale au fronton hollandais, abrite aujourd’hui l’office de tourisme, ainsi que l’académie de musique. Si le compositeur , installé très tôt avec sa famille à Paris n'est revenu au pays basque que pour y passer ses vacances, l’empreinte des origines l’a toujours accompagné.
Après l’excellente biographie romancée de Jean Echenoz parue en 2006, Anne Fontaine, a voulu retracer les moments essentiels de la vie du musicien, tout en évoquant sa personnalité énigmatique, dans le contexte du début du 20e, une période fertile en création de toute sorte.
Bien sûr, son œuvre la plus connue reste Le Boléro, dont la lente élaboration est l’objet principal de ce film.
En 1927, la célèbre danseuse Ida Rubinstein fait appel à Ravel pour composer la musique de son prochain ballet. Celui-ci a alors l’idée de réorchestrer une œuvre d’Albeniz, mais les droits trop élevés la protégeant l’en empêchent.
Il doit donc créer, mais l’inspiration tarde à venir. Le compositeur qui aime les mondanités, fréquente la muse et égérie Misia Sert dont il est amoureux, et son frère Cipa, dont il recueille volontiers les conseils. Il voyage beaucoup pour donner des concerts, connaît un grand succès en Amérique, cependant il sait que certains critiques malveillants ne lui ont pas toujours facilité la tâche ; alors il doute de lui, écrit, puis efface, recommence, jusqu’à finalement puiser dans la musique espagnole de ses origines, tout en étant pénétré par le bruit répétitif des machines de l’usine proche de sa maison de Montfort-L’Amaury : le rythme est celui d’un boléro andalou, deux thèmes et une ritournelle composent l’intégralité de l’œuvre de 17 mn dont le succès défie le temps.
Le film, tourné dans la vraie maison de Ravel à Montfort-L’Amaury, reflète parfaitement l’atmosphère feutrée propice à la création : pièces intimes, bibliothèques, jardin, tout est resté à l’identique. Raphaël Personnaz incarne magistralement Ravel ; il s’est totalement investi dans le rôle, au point de perdre 10kg, de prendre des leçons de piano et d’orchestration ; on le sent complètement habité par son personnage, il en a l’élégance, le charme, l’intériorité, la complexité. Ses regards traduisent la profonde solitude du créateur et celle de l’homme, rêvant d’amours impossibles et tellement proche des figures féminines de son entourage, dans lesquelles il recherche la mère disparue. Le trio de ces amitiés féminines interprété par Dora Tillier, Jeanne Balibar et Emmanuelle Devos compose un casting idéal pour soutenir celui qui a toujours fait passer la musique avant toute chose.
Un moment de cinéma intense, émouvant, bien rythmé, faisant alterner fougue et mélancolie, servi par une image d’une grande beauté, et une bande son conforme à la personnalité du musicien, faite de génie et de fragilité.

 

Boléro
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Maurice Ravel (photo Deezer)

Maurice Ravel (photo Deezer)

Ida Rubinstein (photo Wikimedia)

Ida Rubinstein (photo Wikimedia)

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