L'incomprise

Comme un clin d'oeil à L'incompris de Luigi Comencini, l'un de ses metteurs en scène favoris, Asia Argento nous offre un film sur l'enfance, ses attentes, ses rêves, ses peurs, ses souffrances. Pas n'importe quelle enfance, celle d'une petite fille qui vit dans un milieu d'artistes où rien ne compte plus que réussir sa carrière, être adulé du public. Il va sans dire que ces êtres très narcissiques n'ont pas pour priorité leur rôle de parents, tout comme le couple est pour eux une structure fragile, éphémère. Aria, 9 ans assiste avec ses deux demi-soeurs aux disputes récurrentes de ses parents. Lors d'une scène particulièrement violente, son père, acteur célèbre, décide de partir vivre ailleurs en emmenant sa fille aînée. Aria reste avec sa mère, pianiste de renom qui enchaîne les voyages tout comme les amants et avec son autre demi-soeur, mais l'indifférence de sa mère la rebute; elle fuit la maison à plusieurs reprises, trouve un chat dans la rue qui devient son confident, se fait héberger par son père qui n'a guère le temps ni l'envie de s'occuper d'elle...
Dans ce film qui a des parfums d'autobiographie, Asia Argento nous livre le portrait juste d'une enfant livrée à elle-même, en quête d'amour, qui est même trahie par sa meilleure copine d'école avec laquelle elle entretenait une relation fusionnelle. Malgré tout, elle possède une certaine fraîcheur qui l'accompagne dans son errance. A force de chercher un peu de considération, elle finit par lancer certains appels...
La révélation de ce film est la jeune actrice Giulia Salerno : elle est tour à tour espiègle, attendrissante, ou triste; quant à Charlotte Gainsbourg, elle surprend dans ce rôle de mère déjantée, peu sympathique. Un autre atout du film est la déco complètement baroque de cet univers bizarre et sensuel, fait de couleur et de tissus châtoyants, où les murs servent à l'occasion de support à l'expression picturale contemporaine.
Une oeuvre originale servie par une excellente bande son.