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Le blog de Ritournelle

Manet - Sophie Chauveau

Ritournelle
Manet - Sophie Chauveau

Manet naît en 1832 dans une famille bourgeoise ; son père est haut fonctionnaire de justice, sa mère, fille d'un diplomate en poste à Stockholm. De14 ans l'aîné de sa femme, le père a de grandes ambitions pour son fils aîné , il aimerait qu'il fasse du droit, mais Edouard se montre réticent à tout effort scolaire;le voyage l'attire, il décide de faire Navale, mais là non plus, il n'a pas le niveau suffisant. Alors il prend son courage à deux mains pour annoncer à son père qu'il sera peintre, une décision qui n'est pas le fruit du hasard car son oncle l'a initié à l'art en lui faisant fréquenter les musées parisiens. Depuis l'enfance il dessine, mais il doit améliorer sa technique ; pour cela il choisit un atelier, celui de peintre Thomas Couture. Les deux personnalités vont vite s'affronter : Couture est un peintre académique, Manet veut être libre de toute convention. Après avoir réalisé des copies des grands maîtres et fait des voyages en Italie, en Espagne, en Hollande pour s'imprégner des grands chefs d'oeuvre, il décide de quitter Couture pour s'installer dans son propre atelier. La mode parisienne étant tournée vers l'Espagne, Manet peint plusieurs toiles sur le sujet, dont l'une est exposée au Salon des refusés de 1863 à côté du Déjeuner sur l'herbe qui déclenche un véritable scandale, malgré le soutien d'Emile Zola. On ne comprend pas la peinture de Manet, jugée indécente ; cette allégorie de la poésie inspirée de Titien représente une femme du peuple, ne respecte pas la perspective...Toute sa vie, Manet va rechercher la reconnaissance des critiques, et en 1865, la présentation de son Olympia au Salon lui attire encore bien des désagréments ; cette fois, c'est son ami Baudelaire qui le réconforte. Puis l'exposition universelle de 1867 lui donne l'occasion de faire sa première rétrospective dans un pavillon à part, chose qu'avait faite Courbet, mais le résultat n'est guère plus probant. En 1869, il présente au Salon Le déjeuner à l'atelier et Le Balcon, où les personnages sont jugés exécutés comme des natures mortes. C'est alors que Manet va décider de suivre ses amis peintres de plein air, Monet et Renoir,sa peinture va se rapprocher de la leur, comme le démontre la toile Argenteuil.
Dans ses dernières expositions, il présente des natures mortes, des portraits, meurt en 1883 après une amputation de la jambe dûe à la gangrène.

La vie du peintre aura été marquée par son amour de l'art et son amour des femmes. La première femme de sa vie, c'est sa mère avec qui il entretient une relation privilégiée ; elle est sa confidente, son soutien indéfectible. La seconde est cette jeune hollandaise Suzanne Leenhoff, professeur de piano de ses frères, dont il tombe vite amoureux ; elle demeure la compagne de toute une vie dont il a un fils Léon, jamais reconnu par son père. Et puis, il y a les modèles Victorine Meurent, Eva Gonzales et tant d'autres, muses , inspiratrices de l'artiste. Berthe Morisot occupe une place à part. Rebelle comme Manet, elle peint avec sa sœur dans des ateliers privés. Gravitant dans le même milieu bourgeois que les peintres de cette époque, elle inspire de nombreuses toiles à Manet qui en fait son modèle favori ; toujours accompagnée de sa mère pendant les poses, on ne sait pas vraiment quelle a été la teneur des relations entre le peintre et son modèle. Sophie Chauveau leur prête un lien très fort aboutissant à une seule relation physique ; mais ce qui est troublant, c'est que Berthe entre dans la famille Manet en épousant Eugène, le frère d'Edouard, qui lui laisse une entière liberté d'artiste et de femme.

La vie d'Edouard Manet a été incroyablement riche de rencontres, artistiques, littéraires;Sophie Chauveau témoigne de l'intensité de la période romantique où chacun s'essaie à la peinture, à l'écriture, à la musique.Les lieux de rencontre les plus prisés sont les cafés, les ateliers, galeries, salons privés. L'échange est permanent.Tout ce qui a nourri l'artiste est dans ses toiles, sa famille, ses amis, les femmes qui ont compté, l'engagement politique, ,les scènes de vie bourgeoise, les cafés, la mer...

Un artiste à part, qui révolutionne l'art tant par la forme que par le sujet.
« Si Malraux a pu dire dans les années 1970 que l'art moderne commençait avec l'Olympia , c'est qu'il s'accomplit là une révolution du regard, en dépit de tous et surtout de Manet. Le public mettra 50 ans, voire davantage à le comprendre. Quant à le voir tout court, le voir en contemplant une toile de Manet, on n'y est pas encore. »

« Pas d'impressionnisme sans Manet. Pas non plus de Cézanne ni aucun des novateurs qui vont suivre ? Rouault, Bonnard, Vuillard, Braque, de Stael, Balthus...Picasso l' assez répété : sa plus grande dette va à Manet, Matisse ne dément pas.. Quant aux autres, il suffit de les regarder, ça s'impose. »

Une biographie vivante, foisonnante que l'on lit avec curiosité, celle d'un être fascinant, aussi décrié que mystérieux, celle d'une époque essentielle dans l'histoire de l'art.

Il est regrettable que l'éditeur n'ait pas ajouté quelques toiles de l'artiste, ce que je propose ci-dessous

Manet - Sophie Chauveau
Manet - Sophie Chauveau
Manet - Sophie Chauveau
Manet - Sophie Chauveau
Manet - Sophie Chauveau
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Commentaires
D
Bonjour, un bel article pour un bel artiste. C'est fou, comment un amateur de photographie voit le travail d'un peintre d'un oeil différent.
Répondre
R
Merci pour ton commentaire. Suis curieuse de savoir ce que pense ton oeil de photographe