Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Ritournelle

Quelqu'un avec qui courir - David Grossman

Ritournelle

quelqu'unJ'ai découvert David Grossman avec son récent succès Une femme fuyant l'annonce . Ce grand auteur israélien  fortement imprégné de sa culture aborde avec ce titre un thème à portée universelle : la jeunesse en difficulté.

Assaf, jeune garçon de 16 ans, trouve un job à la mairie de Jérusalem pour se faire un peu d'argent de poche. On lui demande de retrouver le propriétaire d'un chien errant, tâche qu'il accepte sans en supposer les conséquences.

Il compte beaucoup sur le flair de la chienne Dinka pour le mener sur la bonne piste; peu à peu des indices apparaissent : il apprend qu'il recherche Tamar, une ado assez mystérieuse qui a disparu, avec, toujours, la volonté de garder ses secrets, selon les personnes qui l'ont côtoyée. C'est ainsi qu'elle a fait le ménage une fois par semaine pour une vieille religieuse qui vit cloîtrée depuis 50 ans dans un monastère, s'est inventée une deuxième mère en la personne de Léa, propriétaire d'un restaurant...et puis il y a Pessah, ce personnage détestable , Dr Jekyll & Mr Hide, qui est censé sauver les jeunes de la rue en leur offrant gîte et couvert, mais surtout en exploitant leur talent artistique et en usant de violence pour les "motiver". Ce qu' Assaf parvient à savoir, c'est que Tamar veut absolument sortir son frère de cet enfer. Elle n'a peur de rien, n'hésite pas à risquer sa vie pour celle de son frère; tous deux ont fui le milieu familial et ont trouvé dans la musique le moyen de panser leurs blessures.

Ce roman est mené comme un polar, on suit l'intrigue d'indice en indice en s'attachant à deux histoires différentes, celle d'Assaf qui voit sa vie bouleversée par cette quête inattendue, et celle de Tamar, à la personnalité forte et déjà mature.
Roman initiatique ou conte d'aujourd'hui, cette histoire s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux ados, elle nous immerge dans une dure réalité où la musique parvient à exprimer les tensions, les doutes, l'espoir.
Comment ne pas souligner le style magnifique de David Grossman qui nous emmène au plus près de ses personnages avec une grande sensibilité:

 

« Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... [...] Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'oeil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... [...] Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front. »

 

« Sa voix était son unique lieu au monde. La maison d'où elle partait et où elle revenait, l'unique endroit où elle pouvait être elle-même, espérer être aimée pour tout ce qu'elle était et malgré ce qu'elle était. Si je devais choisir entre le bonheur et une bonne chanson-avait-elle écrit dans son journal quand elle avait 14 ans- je sais d'avance ce que je choisirais. »

A lire sans hésitation!

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires